De la prison à la prison
Par Aïchatou OUKPEDJO
Le 8 mars est la journée internationale des droits de la femme. Elle a été l’occasion d’organiser des activités en faveur des femmes incarcérées dans la prison civile de Parakou, au Bénin. C’était une journée dénommée : « JOURNÉE FÉMININE EN PRISON ». L’objectif principal était de redonner le sourire et de passer une journée spéciale avec les femmes oubliées qui pourrissent dans le gouffre de la prison civile. Il s’agit aussi et surtout de leur redonner confiance en elles. C’est une initiative de l’Association GANDJAANON qui lutte pour l’émancipation des femmes et des enfants. Le programme consistait à visiter les femmes en prison et à regarder en premier lieu un film intitulé « La vie après la prison », un spectacle humoristique, une séance de coaching, une animation par les détenues et la collation pour terminer la journée.
Une fois dans les murs de la prison, beaucoup d’émotions s’emparent de notre corps, aussi bien du côté des organisateurs que des détenues. Personnellement, j’ai versé des larmes pendant un moment sans m’en rendre compte. L’émotion était très forte et spéciale de voir ces femmes privées de liberté et de la lueur du soleil devant moi. De plus, après les salutations formelles avec les autorités de la prison et les surveillants, nous commençons à exécuter les activités selon le calendrier prévu. Comme mentionné ci-dessus, nous faisons la projection du film qui montre la vie de deux femmes après avoir été derrière les barreaux.
Cette section stimule particulièrement l’âme des détenues et fait naître non seulement la conscience mais aussi l’espoir d’une vie après la prison. Beaucoup d’entre elles ont reconnu qu’être emprisonnées pour elles était la fin de leur vie et se sentent dans une impasse, mais ce film fait renaître un espoir mort. La prison n’est qu’une escale, en attendant de rejoindre la grande et perpétuelle prison, la vie.
D’ailleurs, cela donne accès au spectacle d’un humoriste pour leur apporter le sourire et semer le bonheur dans leur cœur. Parce que rien ne vaut un sourire, il revient toujours à celui qui le donne. Les sourires sont des rayons de soleil qui illuminent notre vie quotidienne.
De plus, le dernier mais non le moindre de nos actes dans cette prison a été le passage d’un motivateur qui les a divertis sur la façon de faire face à la vie pendant et après la prison. Il leur a donné des idées, des conseils utiles et des comportements à adopter après la prison. Il les a rendus heureuses et ces dernières ont promis mettre ses conseils en pratique.
Au final, ce fut une journée spéciale et une expérience inoubliable qui a stimulé beaucoup d’émotions en moi. Pour cette raison, je n’ai pas pu m’empêcher de leur poser quelques questions avant notre départ. « Avez-vous encore des rêves malgré ce qui se passe dans votre vie en ce moment ? » J’ai été surprise de recevoir des réponses positives. Elles ont mentionné que nous leur avons appris que les rêves ne s’effacent jamais. Qu’ils gardent toujours le feu de l’espoir grâce à nous. Je mourais également d’envie de savoir si certaines d’entre elles avaient été abandonnées. Il était scandaleux d’entendre une femme admettre que ni son mari ni son fils ne lui rendaient visite depuis son incarcération.
Mais elle a promis pardonner à tous ceux qui l’ont abandonné et retourné les voir. Pourtant, une autre avoue qu’elle ne pouvait pas retourner chez elle : était-ce la peur, la honte ou la colère ? A vous de choisir.
Nous avons terminé notre visite en étant heureux de rendre ces femmes heureuses et connaissant l’impact que cela a sur notre communauté.